Publiée en 1825, „La psychologie de foule” de Goustav le Bon, est un des livres qui a marqué l’histoire de l’humanité, car les idées exposées ont influencé les courants idéologiques totalitaires du XXe siècle; le « Mein Kampf d'Adolf Hitler, de même que les méthodes staliniennes de mobilisation des masses, peuvent être considérés comme inspirés par les techniques de propagande analysées dans l'ouvrage de Gustave Le Bon »1 .
Les opinions et les croyances des foules sont déterminées, selon l’auteur du livre, par des facteurs lointains et facteurs immédiats. Parmi les facteurs lointains on retrouve la race, les traditions, le temps, les institutions et l’éducation et parmi les facteurs qui ont une action immédiate il y a des images, des mots et des formules (ex. liberté), différents d’un peuple à l’autre et soumis au facteur temps, il y a les illusions dont chaque peuple a besoin depuis toujours (ex., les mythes, la religion), l’expérience et la raison.
La foule est définie par Le Bon comme étant « une réunion d’individus quelconques, quels que soient leur nationalité, leur profession ou leur sexe, quels que soient aussi les hasards qui les rassemblent. »2 Dans certaines circonstances, les gens qui se trouvent dans un même endroit, et qui sont animés par des idées communes, présentent les mêmes caractéristiques : ils perdent leur identité individuelle et leurs valeurs personnelles s’effacent pour le profit d’une nouvelle identité de group, une « âme collective », qui ne dure pas, mais qui a les caractéristiques suivantes : l’individu en foule parvient à avoir un sentiment de puissance invincible donné par le nombre ce qui lui permet de se laisser proie aux instincts, car il est anonyme dans la foule, donc il n’est pas responsable et passible de châtiment. L’individu en foule est dans un état hypnotique, donc il est très sensible à la suggestion et à la contagion psychologique. Ainsi, l’individu est soumis à la personne qui assume le rôle d’hypnotiseur, le meneur de la foule, de manière si catégorique qu’il devient capable des pires atrocités ou des plus nobles sacrifices. « Sentiments et pensées sont alors orientés dans le sens déterminé par « l’hypnotiseur. »3 L’intelligence s’efface, la culture, les valeurs n’ont plus aucune importance, les instincts et les sentiments prennent le dessous. « Par le fait seul qu’il fait partie d’une foule, l’homme descend donc plusieurs degrés sur l’échelle de la civilisation. »4
Les sentiments, positifs ou négatifs, extériorisés par une foule sont toujours très simples et exagérés. La foule menée par des suggestions efficaces, exagérations et répétition et sans tentatives des rationalisations, car ils seraient inutiles, se livre à elle-même, et donne cours aux instincts cachés chez l’individu isolé. Ainsi, un sentiment faible d’antipathie ou de désaccord dans un contexte individuel resterait peu accentué, mais dans une foule, il devient immédiatement, par suggestion et contagion, de la haine. « Dans les foules, l’imbécile, l’ignorant et l’envieux sont libérés du sentiment de leur nullité et de leur impuissance, que remplace la notion d’une force brutale, passagère, mais immense. »5
En vue de maîtriser une foule, il faut faire preuve d’autorité, car elle respecte la force et est moyennement impressionnée par la bonté, considérée souvent comme une forme de faiblesse. Dépourvue d’esprit critique, car leur raisonnement s’enchaîne sur des associations simplistes (genre – manger le cœur d’homme brave te rende brave), elle est très impressionnée par des images.
La raison (la manipulation) sert à mène les foules qui sont très sensibles au prestige de la personne qui les parle, et qui doit être capable d’observer les moindres réactions que se mots réveillent dans la foule et adapter en permanence son discours.
La Zone Extrême
France 2 a présenté, le 17 mars un expérimente, une mise en scène d’un jeu télévisé où un participant a la responsabilité d’administrer des décharges électriques à son partenaire, un inconnu, si celui-ci ne répond pas correctement à une question. Le jeu se déroule sous l’autorité de la présentatrice Tania Jung et cette expérience est vouée à démontrer l’influence de la télévision sur l’individu.
À l’occasion d’un grand article sur cet expérimente, Philosophie Magazine6 fait évoluer le discours de Gustave le Bon, et argument en faveur d’une nouvelle théorie : les hommes, « grâce » à la télévision, arrivent à se comporter même quand ils sont seuls (le candidat testé dans le jeu Zone Extrême est seul face à la présentatrice et face au public), comme s’ils étaient en foule. Ainsi, les masses sont devenues virtuelles, car « le flux télévisuel librement consenti, les programmes variés, la réception à domicile ou la présence volontaire à un pilote de jeu entraînent une obéissance et un conformisme importants. La télévision produit une nouvelle modalité de la solitude de masse. Elle consacre l’avènement de l’homme foule. »
La télévision fait que l’homme n’a plus besoin d’être en foule pour exhiber un tel comportement – un comportement de « bourreaux » étant donné que 80% des candidats testés au jeu ont administré la dose maximale de décharges électriques qui pourraient tuer un homme. Les gens, isolée dans leurs appartements regardent les mêmes émissions et ils se sentent connectés, ils partagent des opinions et des sentiments, ils sont ensemble dans un monde virtuel et ils éprouvent un sentiment d’irréalité ce qui fait, entre autres, possible que des gens normaux ont été capables d’administré des chocs électriques potentiellement mortels à leurs compagnons. Une chose est sure, les candidats7 ne se sont pas sentis responsables de leurs actes, car ils avaient confiance dans l’autorité représentée par le plateau d’enregistrement du jeu-concours. Nous pourrons constater que par le biais d’une telle attitude ils ont exhibé les pulsions barbares de l’humanité, ce que Gustav le Bon a mis en évidence en tant que comportement de l’individu dans la foule, il y a plus d’un siècle.
1 Stéphane COURTOIS, Les logiques totalitaires en Europe, Editions du rocher 2006, chapitre VIII page 211, chapitre IX page 223.
2 Goustav Le bon, Psychologie des foules, Puf, 2009, Paris, p.9
3 Idem, p.14
4 Idem, p.14
5 Idem, p.26
6 Philosophie magazine Nr.37, mars 2010, article „la naissance de l’homme foule” par Michel Eltchaninoff
7 Une observation personnelle: la majorité de candidats testés dans le cadre de cet expérimente étaient des gens avec un niveau d’éducation moyen;
vendredi 9 avril 2010
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